En France, les troubles psychiques concernent près de 13 millions de personnes chaque année. Parmi elles, les étudiants représentent une population particulièrement vulnérable : 75 % des premiers épisodes psychiatriques surviennent avant l’âge de 24 ans.
Petite histoire des troubles psychiques
À partir du XVIIe siècle, avec l’édit royal de 1656 porté par Louis XIV et Colbert, la société organise ce que Michel Foucault appellera plus tard le « Grand Renfermement ». L’Hôpital général de Paris est alors créé pour y enfermer mendiants, malades, invalides… tous exclus de la société sans distinction. Cet enfermement marque le début d’un long processus de marginalisation des personnes atteintes de troubles psychiques.
Il faudra attendre 1945 avant que la place faite aux personnes handicapées soit remise en question. C’est notamment à la suite des horreurs de la Seconde Guerre mondiale qu’un élan d’humanisme naît peu à peu. À partir de 1947, les asiles sont ouverts pour se transformer en hôpitaux psychiatriques.
Bien que le secteur médico-social soit officialisé en 1975 grâce aux deux lois du 30 juin, et leur « obligation nationale » de développer des prises en charge globales pour les enfants et les adultes atteints d’un handicap, ce ne sera pas avant la loi de 2005 que les troubles psychiques et cognitifs seront perçus comme des handicaps à part entière.
Cette loi majeure introduit aussi la notion de projet de vie, encourage l’inclusion sociale et scolaire, et prévoit des aides concrètes comme la compensation financière.
Une reconnaissance des différents troubles étape par étape
Depuis le 1er janvier 2023, les conditions pour obtenir la prestation de compensation du handicap (PCH) ont été élargies pour permettre aux personnes atteintes d’un trouble psychique d’en bénéficier. Une étape de plus dans la reconnaissance des difficultés vécues par ces personnes.
Parmi les troubles et maladies reconnues par la MDPH (maison départementale des personnes handicapées), on retrouve notamment la dépression sévère, les troubles du spectre autistique (TSA) ou encore le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Bien que le TDAH semble être le trouble « à la mode », il ne date pas d’hier. Il en était déjà fait mention en 1775, pourtant il souffre d’une grande stigmatisation, du fait de sa mauvaise réputation. Pour le docteur Tony Lloyd, directeur général de l’ADHD Foundation : « Le TDAH étant considéré comme un trouble du comportement généralement associé à des enfants perçus comme mal élevés à l’école, il y a beaucoup de honte […] et d’incompréhension. » Selon l’Inserm, ce trouble concerne 5,9% des moins de 18 ans et 2,8% des adultes.
C’est grâce au COVID-19 que le TDAH a connu une hausse des diagnostics, 50% depuis 2019 avec 10,5% des garçons et 6% des filles en 2022. Dr Lloyd explique que : « Lorsque la pandémie est survenue, les gens ont été enfermés […] Une grande partie des structures de soutien qui leur permettaient de gérer correctement le TDAH leur ont été retirées. »
Depuis, la santé mentale est discutée plus que jamais et pour cause. Sur les réseaux sociaux, tous se sont emparés du sujet et partagent sans honte ni tabou leurs histoires. Cette libération de la parole contribue à déconstruire les préjugés et à valoriser la santé mentale comme un sujet à part entière.
Pour cette année 2025, la santé mentale a été érigée grande cause nationale par le Gouvernement, avec quatre objectifs prioritaires :
- La destigmatisation
- Le développement de la prévention et du repérage précoce
- L’amélioration de l’accès aux soins partout sur le territoire français
- L’accompagnement des personnes concernées dans toutes les dimensions de leur vie quotidienne
Les différents types d’aménagements pour tous les troubles (TDA/H, DYSLEXIE…)
En France, les établissements commencent à mettre en place des aménagements dès l’école primaire.
Pour l’enfant, des guides sont disponibles, avec différentes propositions pour s’adapter au mieux à chacune des difficultés rencontrées.
C’est le cas d’une brochure réalisée par le groupe de travail TDA/H francophone, après la réforme de la santé mentale pour enfants et adolescents (SMEA) de 2018. Celle-ci propose une aide aux enseignants et professionnels de l’éducation qui auraient des élèves diagnostiqués. Au sommaire :
- Comment agir sur les comportements
- Comment agir sur l’attention
- Comment agir sur la mémoire
Plusieurs plans d’accompagnement peuvent également être mis en place en fonction des problématiques. On compte le PAI (projet d’accueil personnalisé), le PPRE (programme personnalisé de réussite éducative), PAP, (plan d’accompagnement personnalisé) et le PPS (projet personnalisé de scolarisation).
Les élèves en situation de handicap peuvent bénéficier d’aménagements pédagogiques et de scolarité, tout comme les élèves avec des difficultés cognitives (« dys », TDA/H) ou psychologiques.
Point important : dans une logique de garantir l’égalité des chances, ces élèves reçoivent également des adaptations pour les examens et évaluations.
Ils peuvent porter sur les conditions de déroulement des épreuves comme :
- Écrire sous sa dictée
- Utiliser son propre matériel informatique
- Que les fautes d’orthographe ne soient pas pénalisantes
- Que les sujets soient transcrits en braille ou en gros caractères
Les autres aménagements peuvent également consister en :
- Une majoration du temps imparti
- La prise en compte de temps de pause avec temps compensatoire
- La conservation, durant cinq ans, des notes à des épreuves
- L’étalement sur plusieurs sessions du passage des épreuves
- Des adaptations ou des dispenses d’épreuves
À noter : pour en bénéficier, vous pouvez adresser une demande à l’un des médecins de la CDAPH, même sans dossier à la MDPH.
